Parce
que c’est l’été et qu’une immense flemme me paralyse le poignet, mais
aussi parce que j’ai déjà abondamment loué les qualités de Larry Mc
Murtry, je me contenterai cette fois d’un billet à teneur allégée en
matière grasse et donc foncièrement plus court. Texasville est la suite directe de La dernière séance,
les principaux protagonistes ont vieilli puisque l’action se déroule
une trentaine d’années plus tard. Autre différence, alors que La dernière séance était plutôt centré sur le personnage de Sonny, Texasville offre
un contrepoint intéressant en la personne de Duane, son ancien meilleur
ami. Duane a fait fortune à l’occasion du boom pétrolier texan avant de
se retrouver quasiment ruiné à l’issue du second choc pétrolier et le
moins que l’on puisse dire c’est que sa vie est loin d’être un long
fleuve tranquille. Son entreprise est quasiment en faillite, sa femme
multiplie ouvertement les aventures, son fils aîné est devenu dealer, sa
fille cadette est émotionnellement instable et les deux derniers, des
jumeaux qui entrent tout juste dans leur phase adolescents pénibles,
prennent un malin plaisir à le faire tourner en bourrique. Le pitch du
roman (la préparation du centenaire de la ville) est bien évidemment un
prétexte pour Larry McMurtry, qui s’offre le luxe une nouvelle fois
d’examiner à la loupe la petite communauté un brin loufoque de Thalia.
Autres temps autres moeurs pourrait-on avancer facilement, mais il est
évident que Texasville prend
une dimension sociologique accrue si l’on a lu le précédent roman, qui
se déroulait à la fin des années cinquante. La société a depuis très
largement évolué et le contraste est tout à fait saisissant, voire
amusant, d’autant plus que l’auteur a choisi une perspective un peu plus
rocambolesque, forçant légèrement le trait dans le registre
tragi-comique pour mieux épingler les travers d’une Amérique en perte de
repères. Il y a cependant un élément qui n’a guère évolué : quasiment
tout tourne autour du sexe et les histoires de coucheries et de
tromperies occupent une bonne partie du texte, sans pour autant tomber
dans le graveleux ou le soap opera du calibre de Dallas. Mc Murtry est
bien plus fin dans sa description des moeurs un peu légères de ces
texans des plaines. Le regard qu’il porte sur la famille américaine est
sans concession, mais empreint d’une certaine tendresse. Dommage que le
roman soit inutilement long, Texasville aurait gagné en puissance et en efficacité s’il avait été légèrement condensé.
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