A l'heure où chaque lecteur est sommé de choisir son camp, La querelle des livres d'Oliver Larizza permet de se faire rapidement une idée, et offre une une petite bibliographie sympathique des dernières réflexions sur le sujet.
Qu'est-ce qu'il en ressort ? L'universitaire qu'est l'auteur est tiraillé entre deux pôles : l'efficacité de la lecture électronique, la disponibilité des ouvrages à toute heure grâce à Internet, la fin des intermédiaires, bref tout ce qui permet de gagner du temps ; et d'autre part la sensualité du livre papier, le confort de lecture, l'absence de connexion qui offre au lecteur la possibilité de s'immerger complètement dans la lecture, le feuilletage... Comme il le dit lui-même, c'est un peu une querelle des Anciens et des Modernes. C'est aussi la dichotomie du livre-outil et du livre-loisir qui ressort dès cette première partie. Hélas, vite abandonnée au profit de la seule littérature qui soit : le roman.
Il n'élude pas la question économique, mais cette réflexion ne va pas au bout des choses, c'est pourtant là le nœud de la question. Par contre, il aborde abondamment la question de la forme de la littérature qui naitra avec ce nouvel outil qu'est l'écran de lecture. Exit donc dans cette réflexion, comme c'est souvent le cas, de toute l'édition qui n'est pas littérature : qu'en est-il des documentaires, des livres pour enfants, des dictionnaires ? Pas un mot chez cet universitaire de cette question, qui pourtant mérite qu'on s'y arrête, car alors l'outil électronique prend tout son intérêt, grâce aux possibilités apportées par le multimédia, et pour la littérature enfantine parce que c'est dans les habitudes qu'on donne aux enfants que se joue l'avenir.
Reste donc la "vraie" littérature, qui engendre la "vraie" lecture, celle d'un livre de A à Z.On sent l'auteur plus dans son élément, et c'est bien là que se situe le débat. Comment va-t-on écrire à l'heure d'Internet ? C'est peut-être la partie la plus intéressante et la plus originale de l'ouvrage, car il rappelle entre autres que les grands romans du 19e siècle ont vu souvent le jour sous la forme courte de feuilletons, au milieu d'une littérature populaire pas toujours de haut niveau, voire carrément de pisse-copie, et qu'on pourrait bien y revenir... La littérature se cherche donc, une fois de plus, et certainement, l'outil va entraîner un changement dans la structure même du roman.
Mais où sont donc tous les autres livres, du recueil de recettes de cuisine au guide touristique en passant par le manuel du jardinier, les magnifiques albums de photographies, les essais, les pamphlets, et même les sommes universitaires ? Il y aurait pourtant tant à dire, à faire, à conceptualiser. Mais les auteurs de ces ouvrages ne sont pas des Aaartistes, eux. C'est peut-être pourquoi on se préoccupe moins de les voir coucher sur papier pour une éternité toute relative et à l'ogre du moment, le numérique.
Mais où sont donc tous les autres livres, du recueil de recettes de cuisine au guide touristique en passant par le manuel du jardinier, les magnifiques albums de photographies, les essais, les pamphlets, et même les sommes universitaires ? Il y aurait pourtant tant à dire, à faire, à conceptualiser. Mais les auteurs de ces ouvrages ne sont pas des Aaartistes, eux. C'est peut-être pourquoi on se préoccupe moins de les voir coucher sur papier pour une éternité toute relative et à l'ogre du moment, le numérique.