Un billet rapide pour signaler deux polars sympathiques, mais qui ne méritent pas à proprement parler une chronique de 3000 signes. Le premier était attendu puisqu’il s’agit du Faucheux de James Sallis, auteur dont j’avais entendu le plus grand bien ici et là et dont j’attendais forcément beaucoup. Inévitablement, les chances d’être déçu augmentent sensiblement dans ce cas de figure. Ce roman, qui n’en est pas exactement un, est en réalité un fixup composé de quatre nouvelles mettant en scène Lew Griffin, ex barbouze devenu détective privé à la Nouvelle Orléans. Un grand black tout en muscles porté sur la bouteille, appelé à de multiples reprises à sauver la veuve et l’orphelin. Mouais, honnêtement j’attendais mieux de Sallis, porté aux nues par certains de mes camarades et souvent encensé par la critique. Le personnage est légèrement binaire, très américain sans son attitude et ses conceptions du bien et du mal (normal après tout, on est quand même aux USA). On s’ennuie ferme dans cette série d’enquêtes un peu molles du genou, bien que les deux derniers textes finissent par convaincre le lecteur qu’en grattant quelque peu ce vernis pourtant pas bien épais, un auteur d’une toute autre envergure transparaît. Même Big Easy déçoit, il y a bien quelques fulgurances, quelques détails typiquement louisianais, mais une désagréable impression de saupoudrage persiste durant les trois quarts du livre. L’action pourrait se dérouler à Detroit ou Seattle sans que le lecteur puisse réellement sentir la différence.
Pas vraiment plus consistant, Signé Mountain de Peter Corris est un petit polar bien rodé mettant en scène une nouvelle enquête du détective Cliff Hardy, un autre genre de dur à cuire. Si le suspense est cette fois mieux géré et l’enquête rondement menée, ce roman, qui se déroule en Australie, plus exactement dans la ville de Sydney, pêche par son absence d’ambiance caractéristique. L’action se déroule entre l’appartement de Cliff Hardy (situé vraisemblablement quelque part dans Sydney), son bureau (situé quelque part dans Sydney), l’appart du principal suspect (situé quelque part dans Sydney) et un pub (là aussi, allez savoir où ça se trouve). Bon ok, Cliff Hardy va également faire un tour dans l’arrière-pays et du côté de Melbourne. On me rétorquera qu’il s’agit d’un polar et pas d’un guide touristique, mais pour le dépaysement faudra tout de même chercher ailleurs (du côté de Sharkbait ou Dogfish de Susan Geason par exemple en ce qui concerne le polar).
Bref, deux romans en demi-teinte, qui certes se lisent bien, mais demeurent sans grande saveur. De la littérature pop corn, qui divertit mais s’oublie en un clin d’oeil.
2 commentaires:
"Le faucheux",polar pop corn...
Tu y vas fort camarade d'autant plus que je ne suis pas persuadé que l'amateur de pop corn apprécie l'ouvrage.
Avec Sallis, j'ai l'impression que c'est tout ou rien. Soit on accroche, soit on décroche. Perso, j'apprécie sa nonchalance, ses ellipses et l'atmosphère que ses romans dégagent.
Ubik
C'est mon premier Sallis et j'ai lu tellement d'éloges sur le bonhomme que je m'attendais franchement à beaucoup mieux. J'ai d'autres bouquins du bonhomme sous le coude, notamment "La mort aura tes yeux", qui m'a l'air d'être d'un tout autre calibre.
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