Faux calme au physique imposant, Bob est un solitaire dont on peine à saisir pleinement la personnalité avant que l’adversité ne vienne en révéler la nature profonde. Célibataire par défaut, peu enclin à se lier d’amitié avec le premier venu, Bob semble s’être résigné à une vie un peu morne et sans aspérités. Dans la vie Bob tient le bar de son cousin Marv, dans un quartier de Boston plus ou moins quadrillé par les gangs de trafiquants de drogue. D’ailleurs, le bar n’appartient plus vraiment à son cousin, mais plutôt à un caïd de la mafia tchétchène, qui l’utilise comme façade à son trafic. Un soir, deux malfrats braquent le bar et s’enfuient avec 5000 dollars, de l’argent sale évidemment, qui n’appartient ni à Bob ni à Marvin, mais au très peu commode Chovka, qui entend bien récupérer le fruit de son business. Mais en réalité, le gentil Bob n’en a pas grand chose à faire, en rentrant chez lui il a découvert un pauvre chiot dans une poubelle, l’animal avait été violemment battu et lâchement abandonné par son maître. Au même moment, une jeune femme, Nadia, observe Bob dans la rue et intervient pour lui donner un coup de main. Ces deux rencontres fortuites vont bouleverser la vie de Bob et donner une toute autre tournure à son existence. Mais une chose est certaine, quand le bonheur frappe à la porte, il ne faut jamais chercher des noises à un garçon comme Bob.
Quand vient la
nuit est un bon petit polar sans prétention, n’y cherchez pas un
quelconque chef d'œuvre, l’ambition de l’auteur n’a pas
d’autre visée que de proposer une histoire bien construite et une
ambiance suffisamment prenante pour emmener le lecteur jusqu’au
bout de son intrigue. Le point fort du roman réside néanmoins dans
l’épaisseur de ses personnages, dont la personnalité et la
profonde humanité se révèlent par petites touches au fil du récit.
C’est évidemment Bob qui est le plus attachant, avec sa vraie
gentillesse et sa fausse naïveté, il révèle face à l’adversité
toute sa force de caractère et son courage. Mais Nadia n’est pas
en reste et son personnage est très intriguant également. On pourra
tiquer sur quelques scènes un poil “too much”, pas tant par leur
violence que par leur côté quelque peu improbable, voire leur
complaisance vis à vis du crime organisé (le cliché du caïd
lucide et grand seigneur est un peu irritant, d’autant plus qu’il
est opposé d’une manière un brin manichéenne à celui de la
petite frappe au coeur noir et aux agissements odieux). Il
n’empêche que l’on prend un certain plaisir à suivre ce récit
d’une fausse simplicité, qui ménage quelques petites surprises à
son lecteur et sait emprunter quelques chemins détournés pour
parvenir à ses fins.