A 38 ans, Nick Hawthorne décide sur un coup de tête d’envoyer tout promener. Après avoir déniché chez un bouquiniste une vieille carte de l’Australie, il vend ses maigres possessions, démissionne de son nouveau job de journaliste de province et s’achète un aller simple pour les antipodes. Arrivé à Darwin, Nick fait l’acquisition d’un vieux bus Volkswagen et se lance pied au plancher sur les routes désertes du territoire du Nord, bien décidé à vivre une grande aventure le long de la côte australienne. Après avoir cartonné un kangourou sur la première ligne droite qui le mène vers le sud, la chance semble enfin tourner et Nick fait la rencontre fortuite d’une auto-stoppeuse plutôt attirante à la sortie d’une station service. Et les voilà partis pour un petit road trip où l’insouciance n’a d’égal que leur capacité à s’envoyer en l’air et à faire la fête. Mais pour Nick, toutes les bonnes choses doivent avoir une fin et il songe déjà à lâcher Angie, afin de reprendre la route en solitaire. C’était sans compter sur les projets de mariage de l’énergique jeune-femme, qui prend très mal l’attitude de Nick et se montre bien décidée à le lui faire savoir. Après l’avoir soigneusement drogué, Angie embarque Nick en direction de l’outback, afin de le ramener dans son village natal, un bout de désert peuplé d’une dizaine de familles vivant en quasi autarcie sous l’autorité de trois patriarches ventripotents, avinés les trois-quarts du temps. Sitôt réveillé de son long sommeil narcotique, Nick découvre avec effroi qu’il est désormais marié à Angie, que son argent et son passeport lui ont été confisqués et que son bus a été vandalisé par son beau-père…. au cas où Nick changerait d’avis. Acculé et choqué, Nick ne semble avoir aucune échappatoire et ne peut que se résigner à vivre au milieu de cette communauté hors du monde, où la misère culturelle et sociale n’a d’égal que les conditions cauchemardesques d’une vie quotidienne crasse et indigne.
Petit roman en apparence sans
prétention, Piège nuptial est en réalité un coup de maître, une
pépite livresque menée à un train d’enfer, qui se dévore avec
fébrilité, les yeux écarquillés et incrédules, un sourire crispé
au bord des lèvres. Mais au-delà de la farce grotesque, dépeignant
avec une fausse complaisance les gens rudes de l’Australie
profonde, se dessine une contre-utopie, un rêve qui a mal tourné
pour ceux qui, un jour, se sont rebellés contre le système et ont
aspiré à une autre vie, plus libre et loin de la machine à broyer
capitalistique. En prenant le lecteur à contre-pied, Douglas Kennedy
fait donc preuve d’un véritable coup de génie et d’une maîtrise
formelle qui force le respect. Pour un premier roman, chapeau
l’artiste !
2 commentaires:
J’ai entendu parler de cet auteur mais je ne l’ai jamais encore lu. L’occasion de le découvrir. Tu en as lu d’autres de lui?
Eh bien figure-toi qu'il s'agit du premier livre de Douglas Kennedy que je lis.... mais il y en aura d'autres, assurément.
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