
Un peu à part dans la production littéraire de Barry Gifford, puisqu’il n’appartient pas à la série des Sailor et Lula, The Sinaloa story est un roman court mais d’une densité tout à fait remarquable. L’histoire démarre de manière terriblement classique. Delray Mudo, mécanicien sans histoires, rencontre dans un bordel du Texas la très belle et très dangereuse Ava Varazo, qui, sans trop forcer son talent, le convainc de monter un coup aux dépens d’Indio Desacato, un obscur dealer/mac totalement fou d’Ava et propriétaire d’un beau magot. Delray quitte donc son boulot et suit Ava jusqu’à Sinaloa... évidemment, c’est à partir de là que Gifford déploie toute la mesure de son talent. Jusque là maîtrisé mais sans surprise, le roman bascule de manière abrupte et cueille le lecteur à froid pour le faire entrer dans une nouvelle dimension, encore plus sombre, certainement moins confortable, mais assurément largement plus convaincante.
Ecriture sèche qui va droit à l’essentiel, personnages bruts de décoffrage, chez Gifford la violence explose sans prévenir, au détour d’une phrase et le lecteur la prend en pleine poire. On cherche en vain un fil directeur entre les différents fils narratifs, mais Gifford s’y refuse, offrant un récit étrange et destructuré à mille lieues des intrigues carrées et bien ficelées du polar classique. Une fois la dernière page tournée, le lecteur est toujours tenaillé par cette angoisse instillée tout au long du roman, abandonné par un auteur qui lui lègue davantage de questions que de réponses. Une seule certitude, après cette lecture votre foi en l’humanité aura encore baissé d’un cran.
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