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dimanche 20 octobre 2024

Rose sans épines : Le Jardin - Paris, de Gaëlle Geniller

C'est une histoire à l'eau de rose. Esprits forts, passez votre chemin, je vais vous parler d'amitié et d'amour, avec une histoire tendre qui parle de Rose mais pas d'épines.

Au cabaret des fleurs, Rose fait son premier spectacle de danse. C'est un succès, les éloges pleuvent et les admirateurs se font connaître rapidement, un en particulier, plus tenace que les autres au nom très évocateur d'Aimé. Et Rose va peu à peu sortir du cabaret comme le bouton de fleur éclos pour découvrir le monde.

Ce monde n'est pas rose, surtout quand on est un garçon qui aime s'habiller en fille et qui pratique le métier de danseur. Mais entouré de l'amour de toutes les siennes, guidé par celui qui l'aime tendrement, pas à pas, la fleur s'épanouit.

Voilà. C'est tout.


C'est bien maigre, diront les lecteurs du maître des lieux. Quoi ? par un mot sur les dessins, aussi doux, simples et colorés que l'histoire contée ? Quoi ? Pas de drame, de rebondissement, de violence, de suspense ? Non, ou si peu. Une balade, des rencontres, voilà tout.

Juste un joli petit roman graphique, qui interroge le sexe des anges et des protagonistes, les relations humaines dans l'entre-deux guerre.

Et si la curiosité vous a piqué ne serait-ce que du bout d'une épine, laissez-vous tenter par ce moment de douceur. Offrez-vous une parenthèse de bonheur dans le gris de notre vie quotidienne.

https://www.editions-delcourt.fr/bd/series/serie-le-jardin/album-jardin-paris 

(PS : pour une raison que j'ignore, impossible d'insérer une image, mais vous trouverez tout sur le site de l'éditeur).

jeudi 17 octobre 2024

Littérature de gare : Au prochain arrêt, de Hiro Arikawa

 

Je ne sais pas vous, mais moi les histoires de train, ça ne m’a jamais vraiment emballé, jusqu’à ce que je lise cet excellent petit roman de Hiro Arikawa et que, définitivement, je révise mon jugement à ce sujet. Pensez-donc, les voyages en train c’est déjà suffisamment ennuyeux sans que l’on s’inflige en plus de la littérature de gare au sens premier du terme. J’avais tout faux, le train c’est la vie et je m’en vais de ce pas vous dire pourquoi.


Dans ce court roman choral, l’auteur japonais nous invite à parcourir une ligne de train plutôt fréquentée du sud de l'île de Honshu, dans le sens Takarazuka-Nishinomiya au printemps et dans le sens inverse l’automne venu. En l’espace de huit chapitres, autant que d’arrêts en gare sur cette ligne, l’auteur propose des petites saynètes émaillées d’un florilège de personnages attachants et parfois décalés dont on découvre une tranche de vie à la fois innocente et révélatrice. Comment les gens se comportent-ils durant un voyage en train ? Que regardent-ils ? Sont-ils renfermés sur eux-mêmes le regard fixé sur l’écran de leur téléphone ou bien sont-ils ouverts aux autres et prompts à engager la conversation ? Évidemment, tout individu susceptible de vouloir s’affranchir des codes implicites du voyage en train, attirera immanquablement l’attention des autres voyageurs par sa singularité, celle qui intéresse bien évidemment Hiro Arikawa. Ainsi, le lecteur aura le plaisir de partager le trajet en compagnie de deux jeunes étudiants passionnés de lecture, qui ne cessaient de se croiser dans les allées feutrées de leur bibliothèque favorite et de se pister par lectures interposées. Il pourra également observer le petit manège d’un groupe de bourgeoises endimanchées dont le comportement bruyant et inconvenant  ne cesse d’agacer l’ensemble du wagon. A moins qu’il ne soit interpellé par le regard triste et embué de cette jeune cadre dynamique trompée par son fiancé au vu et au su de tout son service. La galerie de personnages ne s’arrête évidemment pas là et tout ce petit monde se croise et s’entrecroise tout au long du roman, constituant par petites touches un tableau contrasté et attachant de cet étrange microcosme, qui reflète imparfaitement mais néanmoins intelligemment la société japonaise. 


Honnêtement, il ne se passe pas grand chose dans ce récit, mais l’ensemble est habilement construit et la grande réussite du roman repose sur la capacité de l’auteur à mêler les destins à quelques mois d’intervalle. Une chambre d’écho en quelque sorte, qui permet d’élargir et de renforcer la perspective. Ces petits “rien” mis bout à bout font en réalité toute la richesse d’un roman qui aurait pu égrener les platitudes, mais qui parvient pourtant à rendre cette banalité absolument délicieuse. Sans doute est-ce lié en partie à l’écriture à la fois simple, épurée, mais pleine de douceur de l’auteur, qui en quelques traits de plume réussit à croquer un personnage d’une richesse étonnante. Bref, un bon petit roman, frais et léger, qui ne manque pas de profondeur pour autant. A déguster sans modération.