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mardi 8 septembre 2020

Néo SF : Stardust, de Nina Allan

 


Etoile montante de la littérature britannique, Nina Allan est en réalité une écrivaine à la carrière déjà bien remplie puisque son oeuvre est riche de cinq romans et de plusieurs recueils de nouvelles publiés au cours de ces quinze dernières années. Son dernier roman, La fracture, a reçu un accueil critique extrêmement élogieux et, comme nombre de ses publications, flirte assidûment avec la science-fiction et le fantastique. Miam ! Stardust, publié en 2015 chez Tristram, relève d’une logique quelque peu originale, que les lecteurs sont invités à découvrir dans la postface du livre. Ni tout à fait recueil de nouvelles, ni tout à fait roman, Stardust est un véritable OLNI que l’on déguste néanmoins avec un grand plaisir de lecture tant l’auteure britannique fait preuve d’une maîtrise impressionnante de la construction narrative et du style.


Stardust est donc un recueil de nouvelles qui fonctionne comme un roman choral puisque toutes les nouvelles  sont reliées par un fil conducteur. Pour reprendre les mots employés par Nina Allan, ces textes sont les fragments d’une histoire commune, que le lecteur est invité à compléter, en collectant au fil de la narration des indices plus ou moins évidents, que l’écrivaine dissémine avec parcimonie. Bien évidemment, chacun de ces textes peut d’une certaine manière se suffire à lui même et la qualité varie suivant les récits, mais tous sont d’une assez haute tenue littéraire. Cependant, si l’on veut bien se prêter au jeu et reconstituer l’habile puzzle imaginé par Nina Allan, Stardust révèle un niveau de lecture bien supérieur du fait même de sa construction parcellaire. Chaque texte apporte plus ou moins d’informations sur le personnage au coeur de cette construction labyrinthique, à savoir la fascinante Ruby Castle, actrice de cinéma mystérieuse, célèbre pour ses films d’épouvante, mais également pour avoir assassiné son mari à la suite d’un accès de rage. Patiemment et parcimonieusement, il faudra récolter les maigres informations sur Ruby Castle, sachant que Nina Allan ne la nomme pas toujours et laisse volontairement le lecteur se dépatouiller avec la chronologie. Le lecteur devra néanmoins prendre garde de ne pas trop se focaliser sur Ruby, d’abord parce que l’auteure laisse délibérément son personnage dans l’ombre, refusant de lui conférer davantage que nécessaire à ses yeux, ensuite parce que ce serait oublier le principal, à savoir les destins plus ou moins croisés de ces personnages ; car la littérature de Nina Allan, loin de n’être qu’une habile construction, vaut aussi et surtout pour ses personnages finement ciselés et profondément humains.


 A travers ces différents personnages, un jeune joueur d’échecs fasciné par Ruby Castel, une jeune fille russe qui assiste à la lente désagrégation de sa famille sur fond de drame spatial, un collectionneur de livres qui renoue avec un très proche et très vieil ami, une jeune femme qui entretient une relation avec un vieux poète anglais ayant connu Ruby Castle… c’est tout un univers étrange et inquiétant que dépeint Nina Allan, un monde où la fiction se mêle au réel sans que l’on puisse vraiment les distinguer, un monde où les fantômes du passé hantent les vivants et où ce qui paraissait tangible relève de l’illusion. L’auteure explore sans cesse la fiction, dresse des passerelles, tisse des liens entre ses récits et sème de multiples repères au fil de ses textes, comme autant de bornes qui délimitent les frontières d’une imagination à l’inventivité folle.

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