Il y a des moments dans sa vie de lecteur où la rencontre avec un
univers littéraire paraît inévitable, cette année je suis entré
en collision avec l’oeuvre de l'auteur américain Jim Harrison. Je
n'avais jamais lu aucun roman de Big Jim, tout juste avais-je fait le
lien avec le film Légendes d'automne, adapté de trois longue
nouvelles. Mais après avoir lu un peu par hasard Un bon jour pour
mourir puis enchaîné sur De Marquette à Vera Cruz, j'ai eu un
énorme coup de cœur pour cet écrivain des grands espaces, à
l'écriture âpre et sèche, mais d'une profonde humanité.
L'avantage c'est que son œuvre est riche est foisonnantes de romans
et de nouvelles aux thèmes très variés, mais toujours attachés à
décrire l'humain dans sa dimension la plus intime et la plus
bouleversante.
Alors qu'il n'est pas encore âgé de trente ans et traverse une
grave crise existentielle, un jeune américain parti du côté de la
Floride pour noyer sa profonde mélancolie dans les eaux bleu
turquoise des Caraïbes, fait la rencontre d’un allumé prénommé
Tim. Ancien militaire désormais sans boulot, il semble bien décidé
à flamber le petit pécule amassé au cours de sa carrière de
barbouze en drogues diverses et variées, alcools forts,
parties de billards et prostituées. Rapidement, les deux lascars
deviennent inséparables et à force de s’échauffer les sangs (et
accessoirement de consommer trop de drogue et d’alcool), ils se
mettent en tête rien moins que de faire sauter un barrage du
Colorado. Leurs revendications paraissent pour le moins aussi
obscures que leur discours d’alcooliques patentés et leur
méthodologie est digne d’une stratégie élaborée par un gamin de
dix ans. On fonce, on fait tout sauter et on verra après. En chemin,
Tim récupère sa petite amie, la douce et magnifique Sylvia, à
laquelle il avait promis le mariage à son retour du Vietnam, mais
qu’il ne peut se résoudre à épouser. Bien évidemment, la jeune
femme fait rapidement tourner la tête de notre narrateur, charmé
par ses jambes sublimes et touché en plein coeur par sa grâce et sa
fragilité à fleur de peau. Déchirés par une tension sexuelle
difficilement exprimable, mais unis par leurs fêlures
intérieures, ces trois là foncent sur les routes du grand ouest,
écumant les bars et les boîtes de strip tease, l’esprit embrumé
par les vapeurs de l’alcool, la raison profondément obscurcie par
l’adrénaline.
Taxé, à mon sens à tort, de road trip à l’américaine Un bon
jour pour mourir n'est pas exactement un roman majeur de Jim
Harrison, mais il réussit néanmoins le tour de force de transmettre
quelque chose d'assez indéfinissable et de difficilement
quantifiable ; au-delà de son apparente légèreté thématique et
d’une certaine vacuité de façade, il recèle une certaine
profondeur, une sorte d'immense tristesse désabusée qui confine au
spleen et que l’on imagine facilement générationnelle. L’histoire
en elle-même n’a que peu d’intérêt et le roman est surtout
porté par ses personnages, à la fois torturés et étrangement
émouvants. Et comme souvent dans ce genre de roman, ce n’est pas
tant le but final qui retient l’attention, mais le voyage en
lui-même et ce qu’il nous apprend sur la nature humaine.
Toutefois, si les délires érotico-existentiels des personnages de
Jim Harrison ne sont guère votre tasse de thé, je vous suggère
d’aller plutôt arpenter les grands espaces de ses romans majeurs,
comme le splendide Dalva ou le non moins excellent De Marquette à
Vera Cruz.
5 commentaires:
J'ai découvert cet auteur avec "Nord Michigan",j'ai vraiment aimé cet auteur et justement je crois qu'il a écrit ses mémoires ,il faut que je mette la main dessus.
Me fait penser à K Harruf que j'avais découvert sur ton Blog
Bonnes fin de vacances et bonne reprise.
Oui, c'est vrai qu'il y a des similitudes avec l'oeuvre de Kent Haruf. Même amour des grands espaces et grande sensibilité.
Merci pour les encouragements, la reprise approche il est vrai.
Je pense que je lirai d'autres romans de Jim Harrison car c'est vrai il a de magnifiques descriptions de la nature et ses personnages aux amours contrariées sont souvent attachants.
J'ai terminé Dalva il y a peu de temps, je te le recommande chaudement.
C'est noté .Je ne connaissais pas celui ci.
Merci.
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