Comme de nombreux enfants
j’imagine, j’ai longtemps eu une passion dévorante pour
l’espace. Passion qui me poussait à compulser une quantité
astronomique d’ouvrages divers et variés ayant trait au sujet :
documentaires, magazines de vulgarisation scientifique, romans de
science-fiction, bande-dessinées…. sans compter les films, séries
TV et autres jeux vidéos qui me permettaient de me plonger avec
délice dans les limbes les plus profondes de l’univers. Oui, j’ai
longtemps rêvé d’être astronaute, mais à cet âge cela ne
signifie pas grand chose puisque plus petit encore je rêvais de
conduire un camion poubelle. En grandissant on finit par devenir
raisonnable et on choisit un métier qui assurera une certaine
stabilité familiale et une forme de sécurité professionnelle…
mais on n’oublie jamais complètement ses rêves d’enfant. Aussi,
dès que j’en ai l’occasion je replonge avec une fascination
toujours intacte dans un roman de SF ou dans un documentaire sur la
conquête spatiale. Et pourtant, je suis complètement passé à côté
du phénomène Thomas Pesquet. J’ai bien vu dans les médias que
l’astronaute français était devenu au fil de sa mission à bord
de l’ISS extrêmement populaire, que sa jeunesse, son enthousiasme
et sa joie de vivre son rêve étaient communicatifs… mais rien à
faire, pour moi, tout cela relevait surtout de la communication.
C’est finalement par l’intermédiaire d’un de mes élèves, que
j’ai plongé dans l’aventure Thomas Pesquet, après qu’il m’eut
longuement fait l’article du documentaire graphique de Marion
Montaigne. Et paf, après quelques pages j’étais désormais devenu
fan du bonhomme.
Commençons par lever
d’entrée une ambiguïté. Non, en dépit de son graphisme
volontairement naïf, Dans la combi de Thomas Pesquet n’est pas une
BD pour enfants, mais un vrai documentaire, avec un contenu
scientifique certes limité, mais néanmoins limpide et pédagogique.
Bien évidemment, les enfants peuvent parfaitement lire cet album et
en comprendre l’essentiel, mais l’ensemble est tout de même
dense et nourri d’allusions et de références qui risquent
certainement de leur passer bien au-dessus de la tête. Pour les
adolescents et les adultes, c’est en revanche une lecture hautement
recommandable. Le lecteur est ainsi invité à suivre le parcours de
Thomas Pesquet depuis les premières phases de sélection pour
devenir astronaute jusqu’à la fin de sa mission à bord de l’ISS,
en juin 2017. On pourrait se dire que lire un album dont les ⅔
concernent pour l’essentiel des tests et des entraînements aurait
quelque chose de fondamentalement rébarbatif, mais il n’en est
rien pour deux raisons. La première c’est que l’enthousiasme de
Thomas Pesquet est d’une telle sincérité qu’il finit par être
touchant et communicatif. L’homme a quelque chose de naïf et de
fondamentalement droit, son intelligence est à la fois simple et
lumineuse et son attitude force l’admiration et le respect. Il y a
comme une évidence à le voir réussir tant il semble habité par
son projet. Dans un monde où règnent l’hypocrisie, la
communication à outrance et, il faut bien l’avouer, une certaine
forme de cynisme, son parcours redonne de l’espoir et de l’énergie.
Thomas Pesquet est un bon gars, c’est indéniable, mais il est
aussi brillant et il ne faudrait pas l’oublier. La seconde raison
pour laquelle cet album est incontestablement une grande réussite, a
trait à l’humour bon enfant et parfois assez fin qui émaille le
récit. C’est à la fois drôle, enlevé et profondément
enthousiaste. Marion Montaigne et Thomas Pesquet ont l’art de
dédramatiser et de raconter par le petit bout de la lorgnette un
dessein éminemment plus vaste. Les enjeux économiques deviennent
des détails sans importance alors qu’apprendre à faire caca dans
l’espace devient un sujet capital et éminemment technique. Chaque
anecdote est ainsi l’occasion de souligner le génie de ces hommes
et de ces femmes qui depuis les années cinquante ont oeuvré pour
que l’homme, ce mammifère si fragile, puisse affronter un
environnement incroyablement hostile et dangereux. Alors on se plaît
encore à rêver et à réenchanter la conquête spatiale parce que
depuis que l’homme est apparu sur Terre, il n’a eu de cesse
d’explorer et de repousser ses propres limites. Sans doute est-ce
la raison pour laquelle l’aventure de Thomas Pesquet résonne si
fort en nous, que vous ayiez rêvé d’être astronaute ou pas.
5 commentaires:
Lu et approuvé par Gaëtan, qui n'est pourtant pas fan de BD, avec de grands éclats de rire à ameuter tout le quartier.
Lu et approuvé par mes collégiens les plus curieux, pour qui l'opus est un livre assez compliqué à lire, mais qu'ils aiment pour le rêve et l'humour parfois aussi bien potache.
Mais bon, c'est facile, pour un astronaute, de mettre des étoiles dans les yeux des adolescents, vu qu'il est allé les décrocher...
Ouais, c'est pas du jeu :-)
Ca a l'air passionnant en effet. Moi qui me suis remise à la BD cette année, je pourrais succomber.
Je pense que c'est le genre d'ouvrage que l'on trouve très facilement en médiathèque, il ne faut pas hésiter
Je pense qu'il est important de ne pas faire le parallèle entre la science fiction
et l'exploit de T Pesquet qui est un exploit bien réel et non virtuel; c'est ce qui force l'admiration.
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