Et si pour vaincre votre traumatisme de collégien malingre et impopulaire vous retourniez au collège alors que vous êtes adulte. C'est l'idée qui a germé dans le cerveau de Riad Sattouf, jeune étoile montante de la BD française, âgé à l'époque de 27 ans. Mais Riad Sattouf a choisi un collège bien particulier pour retourner sur les bancs de l'école, il n'ira pas dans un établissement de ZEP, comme au temps de son adolescence, mais au contraire dans un collège parisien plutôt huppé et à priori sans problème. Après quelques tractations douteuses avec le ministère, le dessinateur obtient l'autorisation de suivre la scolarité d'une classe de troisième du collège "Charles Henri" (c'est pas le vrai nom du collège, hein, mais on imagine sans peine de quel établissement il s'agit), situé dans un arrondissement privilégié de la capitale. Le moins que l'on puisse dire, c'est que Riad Sattouf ne s'attend pas vraiment au spectacle auquel il va assister.
L'angle choisi par l'auteur est d'une simplicité désarmante, à la fois plein de fraîcheur et un tantinet nostalgique. C'est que l'ami Sattouf alterne les scènes de classe à Charles Henri avec ses propres souvenirs de jeune collégien. Contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, le fossé entre ces deux univers à priori diamétralement opposés n'est pas très important. Certes, Riad Sattouf a grandi dans un milieu socialement nettement moins favorisé, mais les mécanismes qui règlent la vie des collégiens sont sensiblement similaires et les questions qui taraudent ces adolescents sont elles aussi universelles. On pourrait même pousser la méchanceté jusqu'à dire que leur bêtise est elle aussi d'une triste banalité. Ainsi, même chez les riches on assiste à une hiérarchisation des élèves en fonction de leur origine ethnique, religieuse (juifs/cathos) ou sociale (les plus riches se singularisent en se procurant des vêtements très onéreux, qui font baver ceux qui ne peuvent se les payer et sont exclus de facto de ce cercle très fermé). On retrouve les mêmes figures : le beau gosse qui fait tourner les têtes des filles, le comique de service qui perturbe chaque les cours, le club des filles introverties ou bien encore le loser acnéique rejeté par le groupe ; l'ensemble peut paraître un brin stéréotypé et pourtant ce n'est pas le cas. Le regard de Riad Sattouf sur ces élèves est rarement complaisant, il observe en retrait, et décrit avec une justesse étonnante ces scènes de vies à la fois drôles et pathétiques. De ce récit, se dégage une simplicité empreinte pourtant de gravité, car la jeunesse que Riad Sattouf décrit n'a rien d'idyllique et inquiète même par certains aspects.
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